Les orgues de Paris
ORGUES DE PARIS © 2024 Vincent Hildebrandt ACCUEIL LES ORGUES
C3 Terminée en 1921, l’église Saint-Dominique possédait une vaste tribune pour accueillir un orgue. On ne sait pas si la paroisse avait initialement projeté de faire construire un orgue neuf, mais en 1926 il fut décidé d’acquérir l’instrument de la salle des Concerts Touche (Boulevard de Strasbourg, Paris, 10e arrondissement). Il s’agissait d’un orgue de 2 claviers et pédalier, de 19 jeux, construit par la maison Mutin-Cavaillé-Coll. Il fut installé à Saint-Dominique par Gaston Gutschenritter. Cet instrument possédait des sonorités fines et délicates mais, peu après son installation, sa puissance sonore fut jugée nettement insuffisante pour le volume intérieur de l’église et la taille de sa coupole. Dès la fin des années 30, la paroisse envisagea de le remplacer, projet retardé par la guerre. D’heureuses circonstances aboutirent à l’acquisition d’un orgue de salon (3 claviers, 30 jeux) appartenant au comte Christian Bertier de Sauvigny (1864-1939). L’instrument avait été construit en 1904 par la maison J. Merklin & Cie de Paris, dirigée par Joseph Gutschenritter. Son buffet en noyé est très ouvragé, de style Louis XIV. Son dessin peu commun n’est pas sans rappeler celui du grand orgue de l’église Saint-Sulpice. L’instrument a été conçu avec un goût très sûr et réalisé avec un soin exceptionnel. Moderne pour son époque, il était équipé du système de transmission pneumatique tubulaire qui avait été mis au point par la maison Merklin à la fin du 19e siècle. L’instrument était placé dans un spacieux atelier d’artiste dans un hôtel particulier situé rue Legendre dans le 17e arrondissement. Au début des années 1920, le Comte Bertier quitta la rue Legendre pour s’installer dans un hôtel particulier plus spacieux rue de Poitiers. Une salle fut spécialement construite dans la cour de ce dernier pour y accueillir l’orgue. Tout en gardant son aspect général la façade du buffet fut légèrement remaniée et adaptée aux dimensions de cette nouvelle salle, le comte Bertier profita de ce déménagement pour augmenter l’instrument de trois nouveaux jeux. Ce déménagement et ces transformations ont été effectués par Joseph et Gaston Gutschenritter (père et fils). Haut lieu musical, des concerts y étaient régulièrement organisés chaque année (Gigout, Dallier, Dupré, Duruflé, Fleury, Litaize, Langlais…). L’instrument des Concerts Touche fut alors installé à l’église Saint-Antoine de Padoue (Paris 15) tandis que celui du comte Bertier pris place à Saint-Dominique en 1944-45. C’est Jules Isambart, facteur d’orgues, et Jean Perroux, harmoniste, tous deux anciens ouvriers de l’illustre maison Cavaillé-Coll, qui furent chargés de son installation. L’harmoniste fit au mieux selon les moyens financiers et matériels de l’époque pour adapter l’instrument à son nouveau lieu d’adoption. L’orgue fut inauguré en octobre 1945 par Marcel Dupré. À la fin des années 50, l’instrument montrait des signes de fatigue et réclamait une restauration. Des travaux furent entrepris en 1961. Les sommiers pneumatiques furent conservés mais les transmissions ont été électrifiées, cela permis d’éloigner la console du buffet en la plaçant sur un coté de la tribune. Cette restauration, menée par Robert Masset (successeur de Gaston Gutschenritter), a profondément modifié le style de l’orgue. Son style initial, ultra symphonique ne répondait plus au gout de l’époque. La composition des jeux et leur harmonisation furent modifiés dans le style néoclassique, esthétique réclamant des sonorités plus claires et aiguës. L’instrument fut inauguré en 1962 par Pierre Cochereau. En 2002, Marc Hedelin restaure tous les sommiers pneumatiques et replace la console à son emplacement d’origine, devant le buffet. De 2019 à 2021, Bernard Dargassies et ses associés entreprennent une importante restauration : restauration des gosiers restauration des tuyaux de façade remplacement de la traction électrique des années 60 par un système numérique console déportée à nouveau sur le coté de la tribune, remplacement des commandes de jeux (langues de chat) par des tirants en bois avec porcelaine. ajout d’un combinateur et d’une coupure pédale. dépoussiérage de la tuyauterie et des faux sommiers. modifications de la composition des jeux et harmonisation dans le but de redonner une couleur symphonique à l’instrument, avec également pour souci d’améliorer les apports néoclassiques des années 60. installation d’une trompette en chamade sur le toit de l’orgue. L’instrument est inauguré en octobre 2021 par Julien Lucquiaud, organiste titulaire. Texte: Julien Lucquiaud, organiste titulaire Vidéo
L’église Saint-Dominique est de construction assez récente puisqu’elle fut achevée en 1921. Elle est l’œuvre de l’architecte Georges Gaudibert qui s’inspira du style romano-byzantin. L’une de ses particularités est son tympan Est à l’extérieur pour lequel le sculpteur André Bourroux plaça en 1946 un haut-relief représentant Saint-Dominique sous les traits de … l’acteur et metteur en scène Louis Jouvet qui posa pour l’artiste. Lire plus
Le Comte Christian de Bertier de Sauvigny est né le 10 avril 1864. Issu d’une ancienne famille d’origine bourguignonne, il étudia l’orgue auprès de M. Wakanthaler, organiste de la cathédrale de Dijon, puis à Paris auprès d’Eugène Gigout et de Henri Dallier. Il fut l’organiste adjoint des églises de saint Eustache et de La Madeleine, il fut ensuite titulaire de l’orgue de l’église saint Antoine des Quinze-Vingts dans le 12e arrondissement, de 1909 à sa mort en 1939. En 1904, le Comte Bertier fait construire un orgue par la maison Merklin pour son hôtel particulier situé au 14 rue Legendre dans le 17e arrondissement (14 rue Georges Berger depuis 1912). L’orgue sera placé dans le spacieux atelier d’artiste d’une hauteur de 6 mètres, situé au 2e étage de l’hôtel. L’orgue est inauguré le jeudi 19 mai 1904 par Eugène Gigout, organiste de l’église saint Augustin à Paris, et par Henri Dallier, organiste de l’église saint Eustache à Paris. Au programme de cette inauguration, des œuvres de Bach, Saint-Saens, Dubois, Boëllmann, Gigout et Dallier. L’instrument possède alors 28 jeux, répartis sur trois claviers de 56 notes, dont 2 expressifs, et un pédalier de 30 notes. De nombreux concerts d’orgue eurent lieu chez le Comte Bertier. D’après Les archives bibliographiques contemporaines, années 1906-1917, le Comte organisait chaque année, chez lui, des auditions d’orgue très suivies en l’honneur des lauréats du Conservatoire National de Musique. Au début des années 1920, le Comte Bertier et son épouse quittèrent l’hôtel de la rue Legendre pour s’installer dans un hôtel particulier plus spacieux au 7 de la rue de Poitiers.
Cependant, l’orgue Merklin ne semble trouver sa place dans aucune des pièces de cet hôtel. D’après les plans de ce dernier, la hauteur sous plafond des pièces de réception est de 3,80 m alors que la hauteur de l’orgue s’élève à 5 mètres. Le 20 novembre 1923, le Comte Bertier déposa un permis de construire, il s’agit de la construction d’une annexe, dans la cour de son hôtel, entre le bâtiment principal et des dépendances. Les plans de l’architecte détaillent la construction d’une « galerie » contenant un orgue. La façade du buffet de l’orgue fut légèrement remaniée et adaptée aux dimensions de la nouvelle salle et la composition fut augmentée de 3 nouveaux jeux : un clairon de 4’, un nasard et une flûte douce 4’, la Quinte 5’ 2/3 de pédale fut transformée en Quinte 10’ 2/3. Au niveau des accouplements, de nouvelles octaves graves et aiguës furent ajoutées. Ces transformations ont été effectuées par Gaston Gutschenritter, succession Merklin & Cie. À cette nouvelle adresse, de nombreux concerts eurent également lieu. Une soirée y fut organisée le 12 mars 1931, en l’honneur de la promotion de l’organiste Louis Vierne à la Légion d’Honneur. Lors de cette soirée André Marchal, André Fleury et Maurice Duruflé ont joué des œuvres du célèbre organiste de Notre-Dame de Paris, en la présence du maître. Marcel Dupré, André Fleury et Maurice Duruflé ont donné plusieurs récitals dans la nouvelle salle d’orgue du Comte Bertier. Gaston Litaize y donna un concert en mai 1932 en présence du célèbre organiste de l’église saint Sulpice, Charles-Marie Widor. Source
Organiste titulaire Julien Lucquiaud Concerts - Messes avec orgue Samedi 18h30, Dimanche 9h, 10h30, 18h30 Vidéos Julien Lucquiaud Photos de l’orgue : Julien Lucquiaud
1904 - J. Merklin & Cie (1) 1924 - Joseph et Gaston Gutschenritter (2) 1945 - Jules Isambart et Jean Perroux (5) 1962 - Gutschenritter (Robert Masset) (3a) 2003 - Marc Hedelin (5) 2021 - Bernard Dargassies (4)

III/41 (34) - traction électro-pneumatique

composition

Les orgues de Paris
ORGUES DE PARIS © 2024 Vincent Hildebrandt LES ORGUES
Organiste titulaire Julien Lucquiaud Concerts - Messes avec orgue Samedi 18h30, Dimanche 9h, 10h30, 18h30 Vidéos Julien Lucquiaud Photos de l’orgue : Julien Lucquiaud
C3 Terminée en 1921, l’église Saint-Dominique possédait une vaste tribune pour accueillir un orgue. On ne sait pas si la paroisse avait initialement projeté de faire construire un orgue neuf, mais en 1926 il fut décidé d’acquérir l’instrument de la salle des Concerts Touche (Boulevard de Strasbourg, Paris, 10e arrondissement). Il s’agissait d’un orgue de 2 claviers et pédalier, de 19 jeux, construit par la maison Mutin-Cavaillé-Coll. Il fut installé à Saint-Dominique par Gaston Gutschenritter. Cet instrument possédait des sonorités fines et délicates mais, peu après son installation, sa puissance sonore fut jugée nettement insuffisante pour le volume intérieur de l’église et la taille de sa coupole. Dès la fin des années 30, la paroisse envisagea de le remplacer, projet retardé par la guerre. D’heureuses circonstances aboutirent à l’acquisition d’un orgue de salon (3 claviers, 30 jeux) appartenant au comte Christian Bertier de Sauvigny (1864-1939). L’instrument avait été construit en 1904 par la maison J. Merklin & Cie de Paris, dirigée par Joseph Gutschenritter. Son buffet en noyé est très ouvragé, de style Louis XIV. Son dessin peu commun n’est pas sans rappeler celui du grand orgue de l’église Saint-Sulpice. L’instrument a été conçu avec un goût très sûr et réalisé avec un soin exceptionnel. Moderne pour son époque, il était équipé du système de transmission pneumatique tubulaire qui avait été mis au point par la maison Merklin à la fin du 19e siècle. L’instrument était placé dans un spacieux atelier d’artiste dans un hôtel particulier situé rue Legendre dans le 17e arrondissement. Au début des années 1920, le Comte Bertier quitta la rue Legendre pour s’installer dans un hôtel particulier plus spacieux rue de Poitiers. Une salle fut spécialement construite dans la cour de ce dernier pour y accueillir l’orgue. Tout en gardant son aspect général la façade du buffet fut légèrement remaniée et adaptée aux dimensions de cette nouvelle salle, le comte Bertier profita de ce déménagement pour augmenter l’instrument de trois nouveaux jeux. Ce déménagement et ces transformations ont été effectués par Joseph et Gaston Gutschenritter (père et fils). Haut lieu musical, des concerts y étaient régulièrement organisés chaque année (Gigout, Dallier, Dupré, Duruflé, Fleury, Litaize, Langlais…). L’instrument des Concerts Touche fut alors installé à l’église Saint-Antoine de Padoue (Paris 15) tandis que celui du comte Bertier pris place à Saint-Dominique en 1944-45. C’est Jules Isambart, facteur d’orgues, et Jean Perroux, harmoniste, tous deux anciens ouvriers de l’illustre maison Cavaillé-Coll, qui furent chargés de son installation. L’harmoniste fit au mieux selon les moyens financiers et matériels de l’époque pour adapter l’instrument à son nouveau lieu d’adoption. L’orgue fut inauguré en octobre 1945 par Marcel Dupré. À la fin des années 50, l’instrument montrait des signes de fatigue et réclamait une restauration. Des travaux furent entrepris en 1961. Les sommiers pneumatiques furent conservés mais les transmissions ont été électrifiées, cela permis d’éloigner la console du buffet en la plaçant sur un coté de la tribune. Cette restauration, menée par Robert Masset (successeur de Gaston Gutschenritter), a profondément modifié le style de l’orgue. Son style initial, ultra symphonique ne répondait plus au gout de l’époque. La composition des jeux et leur harmonisation furent modifiés dans le style néoclassique, esthétique réclamant des sonorités plus claires et aiguës. L’instrument fut inauguré en 1962 par Pierre Cochereau. En 2002, Marc Hedelin restaure tous les sommiers pneumatiques et replace la console à son emplacement d’origine, devant le buffet. De 2019 à 2021, Bernard Dargassies et ses associés entreprennent une importante restauration : restauration des gosiers restauration des tuyaux de façade remplacement de la traction électrique des années 60 par un système numérique console déportée à nouveau sur le coté de la tribune, remplacement des commandes de jeux (langues de chat) par des tirants en bois avec porcelaine. ajout d’un combinateur et d’une coupure pédale. dépoussiérage de la tuyauterie et des faux sommiers. modifications de la composition des jeux et harmonisation dans le but de redonner une couleur symphonique à l’instrument, avec également pour souci d’améliorer les apports néoclassiques des années 60. installation d’une trompette en chamade sur le toit de l’orgue. L’instrument est inauguré en octobre 2021 par Julien Lucquiaud, organiste titulaire. Texte: Julien Lucquiaud, organiste titulaire Vidéo
1904 - J. Merklin & Cie (1) 1924 - Joseph et Gaston Gutschenritter (2) 1945 - Jules Isambart et Jean Perroux (5) 1962 - Gutschenritter (Robert Masset) (3a) 2003 - Marc Hedelin (5) 2021 - Bernard Dargassies (4)

III/41 (34) - traction électro-pneumatique

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